"D’un côté les Grecs, de l’autre les Troyens et entre les deux une guerre qui dure depuis neuf ans. Parce qu’Agamemnon l’a humilié devant tous ses compagnons, Achille décide de se retirer du combat. Privés de leur meilleur guerrier, les Grecs vacillent tandis que les Troyens gagnent du terrain… Comment faire pour gagner la guerre sans Achille ? Dans un élan commun, cinq acteurs mêlent leurs voix pour raconter les histoires d’Achille, Hélène, Andromaque, Hector et Agamemnon. " [Compagnie A tire d'aile]. Pauline Bayle a adapté le texte d'Homère et réalisé une mise en scène percutante.

"Je n'avais pas particulièrement d'attente pour Iliade même si je pensais assister à une adaptation un peu plus traditionnelle. J'ai été vraiment étonnée par la modernité de la pièce. La pièce était divisée en deux univers totalement différents : la Terre et le monde des dieux. Sur Terre, on assiste à la bataille entre les Grecs et les Troyens et cette partie est beaucoup plus traditionnelle et plus sombre, restant dans l'univers de l'lliade. Tandis que chez les dieux, il y a un réel décalage avec l'histoire traditionnelle, c'est beaucoup plus moderne grâce à l'humour, le langage ou encore la mise en scène. D'une certaine façon, j'ai ressenti que le monde des dieux était une parodie de la société actuelle. La mise en scène était assez particulière puisque chaque acteur interprétait un personnage du sexe différent, ce choix ayant probablement pour objectif de résonner avec des débats sociétaux actuels mais aussi de rappeler qu'autrefois, n'importe qui pouvait interpréter n'importe quel rôle peu importe le sexe de ce dernier. D'un point de vue visuel, il y avait des jeux de lumières qui mettaient en avant certains personnages, les armureries des personnages étaient illustrées de paillettes. J'ai trouvé cette pièce très intéressante dans le sens où l'Iliade a été actualisée à notre société. Cette alternance entre le sérieux et l'humour était assez troublante puisque l'on passait d'un univers à l'autre, tous deux totalement différents. En revanche, j'ai adoré l'humour chez les dieux qui passait aussi par leur comportement, je pense surtout au personnage de Héra que j'ai trouvé hilarant, cela passant aussi par le fait que ce soit un homme qui l'ait interprété. 

Morgane Leboyer

A peine l'organisatrice de la séance a fini de nous expliquer les règles du théâtre que la pièce commence dans une entrée fracassante des acteurs dans le hall d'accueil. Les personnages d'Agamemnon et d’Achille se disputent à travers le public. Nous n'avons pas le temps de nous dire que cela va commencer que nous sommes déjà à l’intérieur de celle-ci. Les personnages se meuvent entre les spectateurs qui les laissent passer, fascinés. Le personnage d’Ulysse entre dans la pièce alors qu’il est fondu dans la foule. Tous les spectateurs se retournent et tentent d’apercevoir cette nouvelle voix qui sort de l’ombre. Il en vient à désigner des membres des spectateurs comme des alliés grecs en les appelant par différents noms, pour ensuite nous diriger vers la salle de représentation. Cette entrée plonge le spectateur au cœur de la pièce avec une grande efficacité. La pièce d’une heure et demie se découpe en plusieurs segments narratifs. Les acteurs sont en ligne et racontent la bataille de Troie. Ils sont alors rythmés par la musique. Chaque acteur possède au moins trois rôles, ce qui par moment peut être un peu difficile à suivre. Dans ce rôle, il y a ceux des Dieux. Ceux-ci sont représentés d’une manière très contemporaine avec beaucoup d’humour, ce qui est à la fois très agréable et plutôt troublant du fait de la grande différence entre ces parties et les parties de la bataille. En effet, le respect de l'œuvre originale peut parfois paraître indigeste, par exemple avec l’énumération systématique des noms grecs des victimes de tel ou tel personnage, ce qui peut entraîner un certain égarement du spectateur dans l’histoire.  Pour conclure, Iliade était une pièce immersive avec beaucoup d’humour dans ses parties contemporaines, qui retranscrit bien le sérieux et la tragédie de la bataille dans ses parties fidèles à l'œuvre antique.

Milo Caudriller